KREATION (2010) installation pour Trot'art Lognes (77)
KREATION (2010) installation pour Trot'art Lognes (77)

 

K’RéATION est une installation qui évoque la présence d’un animal légendaire. Il se compose d’un nid avec trois œufs, d’une peinture représentative d’un embryon d’oiseau ou de dragon et du conte coréen le dragon bleu et le dragon jaune.

 

Cette installation est une invitation poétique dans des territoires imaginaires à partir de matériaux naturels. Elle est une allégorie du travail artistique, de la création et de l’abstraction.

 

Le spectateur est invité à répondre à une question, « à quoi sert l’art pour vous ? » qu’il rédige sur un petit papier blanc qu’il dépose dans le nid.

 

Le nid devenant ainsi symbole de fécondité, de vie, de création et créativité.

 

 


 

K’RéATION se compose de 7 branches en bois recouvert de papier végétal sur socle en bois peint, de 3 boules (œufs) en plâtre peint, de paille, d’une peinture sur bois, technique mixte (papiers végétaux, lentille, brou de noix, enduit, peinture, vernis) et de 5 tablettes en bois du conte coréen du dragon bleu et du dragon jaune.

 

 

CONTE COREEN

DU DRAGON BLEU & DU DRAGON JAUNE

5 tablettes en bois

1.

Au pays du matin calme, l’empereur décide de faire confectionner, pour le vingtième anniversaire de son couronnement, le plus beau paravent qu’on ait jamais vu jusqu’alors.

Il convoque à cette fin le peintre le plus célèbre de l’empire qui vit dans une caverne très loin de la ville.

— Je veux un paravent en soie noire avec deux dragons peints sur la soie, l’un bleu et l’autre jaune, commande l’empereur dès que le peintre se trouve en face de lui. Ces deux dragons doivent symboliser la puissance de l’empire…

— Pour que ce paravent soit à la hauteur des attentes de Votre Majesté, répondit le peintre en s’inclinant, il faut que vous fassiez tisser la soie la plus fine, plus fine que toutes les soies tissées jusqu’alors. Pendant ce temps, je vais me retirer dans ma caverne et me préparer à peindre les dragons.

2.

Dès le départ du peintre, l’empereur donne des ordres pour que débute la fabrication de la soie. Mais cette fabrication pose beaucoup de problèmes que l’empereur n’avait pas imaginés : il faut choisir soigneusement les vers à soie et les nourrir avec des feuilles de mûrier triées avec le plus grand soin. Pour obtenir la qualité de soie demandée par le peintre en une quantité suffisante pour le paravent, il faut beaucoup, beaucoup de temps.


Lorsque la soie est prête, une nouvelle difficulté se présente : très peu de tisserands sont capables de tisser une soie aussi fine.


Lorsque, enfin, cette difficulté est surmontée, l’empereur fait tendre la soie d’une extraordinaire qualité sur un magnifique cadre d’ivoire.

Puis, impatient, il fait mander le peintre.

Mais le peintre prie le messager d’avertir l’empereur qu’il n’a pas encore achevé sa préparation.


3.

L’empereur est très contrarié et très étonné d’apprendre que l’artiste ne soit pas encore prêt malgré tout le temps qui est passé depuis la commande. Mais il prend son mal en patience.
Le temps passe, beaucoup de temps, et le peintre ne donne toujours pas de ses nouvelles. Chaque fois que l’empereur voit le paravent inachevé, il se demande avec colère si le peintre ne se moque pas de lui. Finalement, il donne l’ordre qu’on lui ramène l’artiste au palais, de gré ou de force.

Lorsque le peintre arrive sous bonne escorte, il déclare être prêt. L’empereur se radoucit, heureux de la nouvelle, et lui demande de s’exécuter.
Le peintre se fait apporter deux longs pinceaux, assez grossiers, un pot de couleur jaune, un pot de couleur bleue et s’approche du paravent dont la soie si précieuse brille avec un incomparable éclat.
D’un seul coup de pinceau, il trace un trait jaune, puis, d’un autre coup de pinceau, un trait bleu. Il déclare ensuite qu’il a terminé.
L’empereur, d’abord interloqué, entre dans une très grande colère. Il donne l’ordre de faire jeter au cachot ce mauvais plaisantin qui a irrémédiablement gâché une soie aussi extraordinaire…

4.
Lorsque la nuit vient, l’empereur ne peut s’endormir. Il pense d’abord que c’est la colère qui l’en empêche mais, chaque fois qu’il ferme les paupières, il voit les deux traits, jaune et bleu, passer et repasser devant ses yeux : il a l’impression qu’ils grandissent, qu’ils se mettent en mouvement, et qu’ils luttent finalement…
Ils sont souples, forts et puissants et toute cette force, cette puissance et cette souplesse sont contenues dans les deux traits.
Il se lève et va admirer l’œuvre de l’artiste qui lui apparaît alors dans tout ce qu’elle a de prodigieux…

A l’aube, n’ayant pas fermé l’œil de la nuit, il donne l’ordre de seller son cheval et, accompagné de sa garde d’honneur, décide de se rendre à la caverne de l’artiste pour découvrir son secret. Une tempête de neige les retarde mais ils continuent malgré tout leur chemin… Ils arrivent enfin à la caverne après avoir voyagé plusieurs jours et plusieurs nuits.

5.

Les gardes allument des torches et, lorsque l’empereur pénètre dans la caverne, il voit d’abord deux dragons peints sur les parois, tout près de l’entrée : l’un est bleu et l’autre jaune et ils sont peints avec un souci des détails extraordinaire. On distingue chaque écaille, chaque dent… Leurs narines jettent du feu. Cette première peinture est datée de la semaine où l’empereur avait convoqué le peintre pour lui exposer sa requête.

A côté de cette peinture, il y en a une autre, puis une troisième : toutes les parois de la caverne sont couvertes de peintures de dragons en train de combattre, l’un bleu et l’autre jaune. Chaque peinture est soigneusement datée et, mois après mois, le peintre a simplifié la peinture des deux dragons. Enfin, la dernière peinture est celle que l’artiste a reportée sur le paravent, un trait bleu et l’autre jaune… Dans ces deux dernières images est contenue toute la puissance de tous les dragons que le peintre avait représentés durant tout ce temps…